La sincérité comme hypothèse communicationnelle

Force est de constater que ces dernières années les démocraties contemporaines doivent faire face à une défiance généralisée envers les médias traditionnels et le journalisme professionnel qui s’est amplifiée avec le développement de la communication horizontale promue par les réseaux sociaux et les expressions en ligne. Cependant, cette crise nous semble avoir des racines antérieures à l’avènement de l’ère numérique : ses conditions sont selon nous plutôt a-historiques. C’est pourquoi, nous souhaitons éclairer ce recul de la confiance envers les discours médiatiques en montrant qu’il s’agit moins d’une question de vérité que de sincérité. Ainsi nous défendrons l’idée d’une « hypothèse de sincérité » émise par des allocataires à destination des autorités médiatiques comme une des conditions nécessaires pour fonder la situation de communication ; se constituer en instance publique de réception et ce ; afin de pouvoir s’engager ou non, par la suite, dans des processus interprétatifs des discours médiatiques en jeu. Toutefois, cette disponibilité du public à croire les médias, en supposant un énonciateur médiatique sincère ne garantit nullement une adhésion partielle ou totale aux discours, mais le prédispose seulement à la créance après évaluation de ces derniers. Dans cette perspective, la croyance dans les discours médiatiques déplacerait au second plan les enjeux de référentialité, les relations des signes (discours) au monde, en faveur d’une relation qui les lie à une instance qui en serait pleinement responsable en tant qu’elle croit ce qu’elle annonce publiquement. Nous prendrons alors soin de bien distinguer cette hypothèse de sincérité fondamentale des effets de sincérité déployés dans les discours journalistiques audiovisuels sous la forme d’une sémiotique de la transparence (multiplication des témoins, recours au procédé immersif, images d’amateurs, etc.) construisant ainsi une figure journalistique spécifique donnant ainsi des gages de confiance auprès de son public. Une fois établi ce cadre théorique général, nous analyserons quelques cas particuliers issus des médias audiovisuels français en insistant sur les différentes infractions à la sincérité rencontrées (mensonge, imposture, fausse information) De façon générale, notre réflexion vise à « dépsychologiser » la notion de sincérité pour en faire une hypothèse sémiotique et communicationnelle nécessaire dans la relation fiduciaire qui se noue entre les médias et les publics.
Land: 
Frankreich
Thema und Achsen: 
Semiotik der Bildsprachen, der audiovisuellen Sprachen und der Klangsprachen
Semiotik der Mediatisierung
Institution: 
Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle - Centre d'Etude des Images et des Sons Médiatiques - CEISME ( CIM-EA 1484)
Mail: 
marie-france.chambat-houillon@sorbonne-nouvelle.fr

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