Dans la trajectoire conceptuelle moderne de la narration, après les formalistes russes, les recherches sur la logique narrative se sont multipliées pour aboutir au postulat de l’existence d’une compétence narrative qui s´actualiserait en autant de performances verbales ou non-verbales. Au-de là de la ‘narration’, le concept de ‘narrativité’ en émerge et va témoigner de l’élargissement de cet objet d’étude liberé, comme disait Greimas, de son sens restrictif. A l’instar de la grammaire générative, qui a donné une formalisation de la compétence linguistique innée, après en avoir postulé l’existence, la narrativité, en tant qu’ objet de connaissance de la sémiotique formelle ,et au-délà de la struture phrastique et de ses règles en nombre fini, devient un principe organisateur de tout discours, narratif ou non-narratif, seule façon, selon G,eimas, “d’imaginer la saisie ou l’appréhension du sens”. Cette avancée théorique permet d’évaluer aujourd’hui les formes discursives hétérogènes qui mettent en cause la structure canoniqueé laborée par la sémiotique formelle et donc le processus de deconstruction de la rationnalité, ouvrant ainsi la voie à ce que nous avons déjà pu proposer de dénommer, à partir de l’analyse de différents types de discours, une«sémiotique du négatif». Dans cette trajectoire, si ces autres types discursifs défient la logique du sens, ils invitent la recherche à se tourner vers d’autres horizons. C’est pourquoi la question des conditions d’émergence de cette logique canonique ne manque pas de se poser de nos jours. L’intérêt porté par la recherche aux aurores de la pensée, laisse alor sé merger sur la scène scientifique, à partir des travaux des cognitivistes, le concept d”enveloppe prè-narrative” qui se définit comme une unité de base de l’expérience subjective précoce, à dominante affective et inséparable de la relation intersubjective , s’affirmant comme une propriété émergente de la pensée. En somme, l’enveloppe prè-narrative est une narrativité élementaire ou basique de la relation objectale, confirmant pour les cognitivistes les thèses psychanalytiques de la pensée proto-fantasmatiqueliée à la relation primaire mère/enfant sur laquelle ils s’inspirent. Mais qu’en est-il des modifications du modèle canonique que présentent différents objets culturels, verbaux et non-verbaux? Peut-on en élaborer les spécifités, sans prendre en considération la problématique pulsionnelle? Au délà de la sémiotique la réponse est du ressort de la psychanalyse.