L'énonciation de la chanson au seuil de la musique pure et de la conversation courante
Dans le cadre des langages syncrétiques dont l'une des composantes est formée par le verbal, nous nous proposons d'examiner ici le langage de la chanson à forte consommation, celle que diffusait jadis la radio, ensuite la télévision, aujourd'hui un certain nombre de plateformes sur internet. En tant que langage spécifique, la chanson – résultat d'une union mélodie/paroles, autrement dit, comprenant d'une part une composante linguistique, d'autre part une composante musicale – n'existe, à la base, que grâce à la cohabitation de ces deux formants entre lesquels il peut y avoir plus ou moins de dissension ou de convergence. Devant la chanson, il faut se demander ce que fait la mélodie aux paroles proférées et, en retour, ce que font ces paroles à la mélodie que l'on entend. Car il s'agit de chercher les unités de la chanson en tant que telle, témoin les cellules intonatives de la parole chantée, lesquelles ne sauraient se confondre avec des unités musicales, pas plus qu'avec celles du discours verbal quotidien, même si la chanson y trouve sans doute ses sources, comme nous l'apprend la sémiotique de la chanson créée et développée par le sémioticien Luiz Tatit. Dans la présente communication nous voudrions nous pencher sur les régions frontalières de l'énonciation de la chanson : d'un côté, nous envisagerons la frontière avec la conversation courante, qu'illustre aujourd'hui le rap ; de l'autre, la frontière avec la musique elle-même, celle qu'exploraient à leur façon, voici un peu plus d'un demi-siècle, quelques compositions de l'époque héroïque de la Bossa Nova. La parole chantée – telle est du moins notre hypothèse en ce moment –, si elle peut à sa guise frôler ces limites, ne peut néanmoins se permettre de les franchir pour de bon, sous peine de verser dans d'autres formes d'énonciation qui appelleront à leur tour d'autres dispositions interprétatives de la part de leurs énonciataires. Tout porte à croire qu'il existe donc un principe régulateur propre à l'énonciation de la chanson, un principe de la dépendance nécessaire paroles/mélodie, ou, si l'on veut, un principe du syncrétisme incontournable, auquel l'objet-chanson ne peut déroger sans se transformer en quelque chose d'autre. Afin de tester une telle hypothèse, nous travaillerons "sur pièces", en illustrant notre discussion par des morceaux qui relèvent précisément de ces zones limitrophes ; nous cherchons à déterminer, de part et d'autre, quel est le point critique, en la matière, où les seuils graduels deviennent brusquement des limites, en nous inspirant en l'occurrence de l'apport de la sémiotique tensive (Claude Zilberberg) sur la problématique générale de l'aspectualité.
País:
Brazil
Tema e machados:
Semiótica das linguagens visuais, sonoras e audiovisuais
Instituição:
Universidade de São Paulo - Faculdade de Filosofia, Letras e Ciências Humanas (FFLCH-USP)
Mail:
lopesic@usp.br
Estado del abstract
Estado del abstract:
Accepted